Créer un jardin en ville

4 conseils pour améliorer rapidement sa connaissance des plantes…

Que signifie avoir la main verte, si ce n’est avoir une connaissance, même sensible et intuitive des végétaux ? Si vous aussi vous souhaitez aménager votre jardin, votre terrasse ou balcon avec des plantes ou simplement entretenir votre plante d’intérieur voici comment en apprendre un peu plus sur ce monde passionnant qu’est celui des végétaux.

Pourquoi améliorer sa connaissance des végétaux?

Les végétaux constituent le matériau central des jardins. C’est en partie grâce à eux que vous allez aimer votre jardin et l’observer tout au long des saisons. Il est donc important d’avoir quelques notions de base si l’on veut créer un jardin en ville, aménager un espace végétal et l’entretenir. Ceci est d’autant plus important que la ville est un environnement où les végétaux sont soumis à de fortes contraintes et tous ne peuvent s’adapter. Pour que notre jardin soit le plus durable possible, il est donc important de d’améliorer sa connaissance des végétaux pour choisir ceux adaptés à la ville. Vous ne connaissez pas trop les végétaux, vous vous sentez dépourvu à la lecture des termes techniques, alors voici ici quelques conseils de fond pour éviter de reproduire les nombreuses erreurs et vous permettre de choisir les bon végétaux. Si malgré tout, vous n’avez pas le temps de lire cet article et que seule la lecture des termes techniques vous intéresse, vous pouvez directement consulter le Glossaire Du Jardinier-Paysagiste Urbain.

Conseil N°1 : Améliorer rapidement votre vocabulaire de base sur les plantes !

La plante est un matériau vivant. C’est un des éléments clés de votre jardin, de votre terrasse ou votre balcon. Elle évolue au fil des saisons et peut changer d’allure par la présence de ses fleurs ou de ses feuilles (lesquelles peuvent être caduques ou persistantes), mais peut aussi disparaitre comme certaines vivaces à la saison froide et réapparaitre avec les beaux jours. La plante évolue également au fil des années : certains arbustes ont un rythme de croissance rapide et atteignent leur taille adulte au bout de 2-3 années et d’autres une croissance très lente (de l’ordre d’une dizaine d’années). De plus l’ensemble des végétaux ont besoin de s’adapter, de s’installer après la plantation. Ce qui fait qu’un jardin se bonifie avec le temps, moyennant un peu d’attention. La croissance des végétaux et leur évolution au fil du temps et des saisons est donc un important paramètre à avoir en tête lors de la création de jardins.

Un paysagiste peut faire du paysage avec du béton, le jardinier travaille avec le vivant…

Gilles Clément : « Jardiner, c’est résister », entretien par Lorène Lavocat Revue Reporterre 20 avril 2014

Alors, voici un peu de vocabulaire…

Les plantes annuelle, bisannuelles ou vivaces :

  • Les annuelles sont des plantes qui suivent un cycle de développement sur une saison ou une année. Elles passent l’hiver sous la forme d’une graine. On connait les coquelicots, les cosmos, la monnaie du pape. En revanche, la tomate et la capucine sont de fausses plantes annuelles : elles se comportent comme des annuelles en France car meurent sous l’effet du gel mais en réalité ce sont des plantes vivaces dans leurs régions d’origine où la température ne descend pas en dessous de quelques degrés (voir rusticité).
  • Les bisannuelles sont des plantes qui réalisent leur cycle de développement sur 2 ans. Elles ont besoin de repos pendant la saison froide pour fleurir.  La digitale, la rose trémière sont des bisannuelles. Elles disparaissent à la fin du cycle mais beaucoup d’entre elles se ressèment spontanément. Cependant, après leur semi, la première année est consacrée à leur développement et il faudra patienter l’année suivante pour profiter de leurs magnifiques floraisons.
  • Les plantes vivaces, quant à elles suivent un cycle de développement sur plusieurs années. Entre la germination de leurs graines et leur floraison il peut se passer plusieurs années et leur durée de vie varie d’une espèce à l’autre. On distingue les vivaces herbacées dont la partie aérienne disparait en hiver (comme les pivoines) et les vivaces pérennes dont les parties aériennes persistent l’hiver. Dans cette dernière catégorie, on trouve les arbustes (comme les roses et le buis) et les arbres (comme les érables ou les chênes).

Les plantes herbacées, les arbustes et les arbres :

  • Les plantes à port herbacés (ou herbacées) ont des tiges souples et vertes et ne forment pas de bois. Elles ne sont généralement pas ou peu ramifiées. Les plantes qui rentrent dans cette catégorie sont les plantes à graines de type annuelles, bisannuelles dont les ‘bourgeons’ sont au ras du sol mais aussi les plantes vivaces herbacées. On oppose généralement les plantes herbacées aux arbustes et aux arbres. Elles sont généralement de petite taille, mais il existe cependant quelques exceptions tels que le bananier, les bambous et les palmiers dont la taille peut dépasser 15m de haut et ne contiennent pas de bois.  On dit d’ailleurs que les palmiers sont des herbacées car ne possèdent pas de troncs mais une gaine constituée des feuilles tombées qu’on appelle stipe.

Vous avez dit rustique?

La rusticité caractérise la limite de résistance au froid d’une plante. Elle est essentielle à connaitre pour choisir une plante pour son jardin. En France, on dit qu’une plante est rustique lorsqu’elle est capable de résister à des températures inférieures à -15°. Dans les régions méditerranéennes, la température ne descend pas au-dessous de zéro, on peut y installer des plantes peu rustiques , de rusticité -5° ou 0°. Tandis que dans les régions montagneuses il vaut mieux prévoir des plantes très rustiques (autour de -20°). Pour connaitre son climat et ses températures minimales, il suffit de regarder une carte de zones climatiques. La valeur des températures minimales peut varier d’une année sur l’autre. Les villes sont en général soumises à des températures plus douces que le climat de leur région. Pour votre balcon ou votre terrasse, et vous aurez tendance à vouloir acheter des plantes moins résistantes au froid. Cependant, sur un balcon-terrasse soumis à de grands vents, la température ressentie par la plante peut être bien plus froide que la température réelle, il faudra donc veillez à choisir des végétaux rustiques. Autre exemple : les plantes d’intérieures sont en majorité issues de pays tropicaux, et ne sont pour la plupart pas du tout rustiques. Elles meurent en dessous de 5° ,10° voire 15°. Donc si vous achetez une plante d’intérieur en hiver, veillez à bien la protéger lors de votre trajet et évitez de la laisser à côté d’une fenêtre ouverte en hiver. Enfin, pour les amateurs de potagers urbains, beaucoup de nos plantes potagères sont peu rustiques (comme la tomate, les haricots et bien d’autres), leur rusticité étant de quelques degrés. Et pour éviter les épisodes de gel, les maraichers préparent leurs semis en godet qu’ils installent en terre en mai, après les saints de glace !

Conseil N°2 : Apprenez à observer la nature en ville !

Apprenez à observer la nature dans son environnement naturel

Essayez d’avoir à l’esprit dans quel environnement vos plantes vivent à l’état naturel afin de le reconstituer au mieux chez vous. Et rien ne remplacera le savoir que vous vous constituerez par votre propre observation. J’ai moi-même commencé ma reconversion par suivre un cours de connaissance des végétaux dans une école de paysage et un de mes professeurs nous a demandé de suivre un massif pendant 1 an, de l’observer, le dessiner, de nous en imprégner. Cette approche a été pour moi une véritable révélation : je ne vois plus la végétation du même œil, j’ai appris à observer la nature, la reconnaitre, l’identifier. Désormais, il m’est difficile de passer à côté d’une plante sans éveiller mes sens : la scanner avec les yeux, respirer son parfum, observer sa forme, la façon dont elle a été taillée…

La notion de strates végétales pour vous aider à observer

Nos forêts occidentales sont naturellement structurées en niveaux d’étagement des végétaux que l’on appelle strates végétales. Les 4 principales sont les strates : arborescente (composée d’arbres), arbustive, herbacée et muscinale (relative aux mousses). Au passage, sachez que ces strates sont des éléments importants en aménagement car la présence d’espèces variées au sein de chaque strate est un indicateur de biodiversité. Dans la forêt tropicale humide les principales strates sont différentes de celles de nos forêts. Il y a la strate des arbres émergeants, composée des très grands arbres d’environ 60m de haut. Puis, la canopée, composée d’arbres dont les cimes, serrées les unes contre les autres, empêchent la lumière de pénétrer au-dessous.  Sous la canopée, les jeunes arbres, arbustes, fougères et autre herbacées constituent les sous-étages et les végétaux au niveau du sol. Les plantes se sont adaptées à ce faible rayonnement en se munissant de grosses feuilles pour capter la lumière, ou bien en grimpant voire en poussant au-dessus d’autres plantes (dites épiphytes) et en les recouvrant.

Vous allez maintenant regarder d’un autre œil beaucoup de plantes d’intérieur dont la plupart sont originaires de forêts tropicales. En évitant de les mettre en plein soleil derrière une vitre par exemple, ou en les rentrant l’hiver vous leur rendrez service. Dans la forêt tropicale humide, il règne une forte humidité due aux averses et à la forte concentration de végétaux. Vos plantes d’intérieur seront donc ravies que vous pulvérisiez régulièrement de l’eau sur leurs feuillages et que vous leur fassiez prendre une courte douche dans votre salle de bain. Donc vous l’aurez compris, observer la nature, permet de mieux comprendre les végétaux et d’adopter les bons réflexes d’entretien.

Conseil N°3 : Ayez le réflexe durable en ville, respectez la nature et votre environnement !

Respecter la nature, c’est respecter la planète et veiller à ce que les générations futures puissent profiter des belles richesses que cette planète nous propose. Alors, que signifie durable ? Un jardin durable est un jardin qui est en mesure de concilier les enjeux environnementaux, sociaux et économiques du développement durable.

  • Un jardin durable est respectueux de la nature : on n’y utilise pas de produits phytosanitaires, sans utilisation excessive de l’eau, on y recycle ses déchets…Pour citer un des jardiniers-paysagistes que j’aime bien Gilles Clément et « son jardin en mouvement », un des buts du jardinier-paysagiste durable est d’essayer de « faire le plus possible avec, le moins possible contre la nature». En ville cette approche n’est certainement pas la plus simple cependant il est important de s’y attacher.
  • Un jardin durable respecte le jardinier qui l’entretien. Que ce soit vous ou un jardinier que vous employez, créez votre jardin afin de lui éviter le maximum de tâches répétitives et préservez sa santé. Par ailleurs celui-ci aura un savoir important, notamment celui des plantes esthétiques et adaptées.
  • Du point de vue économique, on retiendra que ce jardin doit être viable, et pour certains qu’il améliore nos conditions de vie. Mais simplement pour son propriétaire il ne doit pas être une contrainte financière.

Sachant que, selon les Nations Unies, les villes comptent pour 78 % de la consommation énergétique mondiale et produisent plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre alors l’objectif du jardinier-paysagiste du 21ième siècle qui crée un jardin en ville est d’adopter un reflex de durabilité. Egalement d’apprendre à composer avec des végétaux divers et de créer de la biodiversité, même et surtout en ville ! C’est aussi prévoir l’entretien d’un jardin dès sa création. Il est important de valoriser le travail du jardinier, d’adapter la gestion du jardin au différentes ‘strates’ qui la composent.

Un des buts du jardinier-paysagiste durable est d’essayer de « faire le plus possible avec, le moins possible contre la nature ».

Gilles Clément « jardin en mouvement »

Conseil N°4 : Apprenez à reconnaitre les espèces que vous aimez

Utilisez des applications simples pour identifier les plantes

Vous avez vu que l’observation est la meilleure façon d’apprendre à améliorer sa connaissance des végétaux. De plus ceux-ci doivent être adaptés à notre environnement, qu’est la ville. Et pour vous aider voici un excellent outil pour identifier une plante : Pl@ntNet. Je n’ai aucun intérêt personnel sur cet outil sinon que c’est un des outils que j’utilise au quotidien. Il est gratuit mis à disposition de tous par des chercheurs et ingénieurs dans le cadre d’un projet participatif sur la biodiversité végétale.

Il suffit de le télécharger l’application Pl@ntNet, de se créer un compte, de prendre en photo la plante qui vous intéresse, puis de la soumettre à la communauté. En 2 minutes, vous saurez l’identifiée. Et vous pourrez donc lors de votre prochain achat en pépinière demander au pépiniériste si cette plante est disponible et adaptée. Avec le temps, votre connaissance des végétaux s’affinera.

Pour télécharger l’application sur votre smartphone ou votre téléphone :  https://plantnet.org/

Reconnaitre la végétation ? Et en ville alors ?

La ville est un environnement où les végétaux sont soumis à des contraintes spécifiques où tous ne peuvent s’adapter. Parmi les principales contraintes des jardins de ville, on peut rencontrer : des jardins ombragés, des jardins de petite taille, des jardins sur dalle, des espaces au pied des arbres, des végétaux situés sur des terrasses, ou des rebords de fenêtre en plein vent, ou bien dans des bacs en plein soleil, soumis à la pollution, mais aussi à l’intérieur sec de votre maison… etc. Et pour que notre jardin soit le plus durable possible, il est important de choisir les bons végétaux adaptés à ces environnements contraignants. Tache, vous l’aurez compris, que seule une solide connaissance des végétaux facilitera.

Et vous quel est votre jardin de ville ? Quelles en sont les contraintes ? Quel rapport avez-vous avec la nature ? Comment regardez-vous les fleurs, les plantes, les jardins, le paysage ? Quel est votre niveau de connaissance des végétaux? Connaissez-vous leur vocabulaire ? Quelle est votre attente sur le sujet ? Laissez-moi un commentaire, posez-moi des questions sur cet article et je vous répondrai.

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