Créer un jardin en ville

Vers un jardin Écologique en ville (1/3) : Favoriser la biodiversité !

Créer et entretenir un jardin écologique en ville n’est pas seulement une passion ou une lubie, c’est aussi une démarche de réconciliation avec la nature et un engagement envers un avenir durable. Si cette démarche est naturelle pour certains, d’autres, éloignés depuis l’enfance recherchent comment renouer avec la nature.

Dans cet article en plusieurs parties sur les jardins écologiques en ville, nous allons sensibiliser les jardiniers amateurs à l’écologie urbaine. 

Avec cette première partie, explorons comment chacun de nous peut facilement contribuer dans son jardin, sur son balcon au développement de la biodiversité en milieu urbain. 

Table des matières

Pourquoi favoriser la biodiversité en ville?

Papillon-sauge-jardin-biodiversité

La biodiversité -désigne l’ensemble des formes de vie êtres humains, plantes, animaux, micro-organismes – est essentielle à notre survie. Elle fournit aux êtres humains les ressources indispensables telles que la nourriture, l’eau, et joue un rôle crucial dans la régulation du climat. La santé économique mondiale dépend aussi largement de ces ressources naturelles.

Or cette biodiversité est menacée par l’activité humaine et le changement climatique, mettant en danger l’équilibre naturel et la capacité de notre environnement à soutenir nos générations et les générations futures. D’ici quelques décennies un million de ces espèces, celles-là même qui ont mis tant d’années à se développer, seront amenées à disparaitre -comme le soulignent les Nation Unis ou bien l’UICN, l’union Internationale pour la conservation de la nature.

Et la France loin d’être épargnée, abrite 10 % des espèces connues et se classe parmi les dix nations avec le plus d’espèces menacées globalement.

Malgré son caractère minéral dominant, où l’eau rencontre des surfaces imperméables de béton, où les émissions de gaz à effet de serre alimentent la pollution et créent des ilots de chaleur, la ville n’en reste pas moins un écosystème dynamique. Parcs et jardins, arbres d’alignements, éco-quartiers, friches et autres lieux de végétation spontanée constituent des espaces où la végétation interagit et soutien la faune (y compris nous les humains).

En créant un jardin en ville, c’est à notre échelle locale que nous pouvons agir pour favoriser cette biodiversité au jardin!

Un choix large et varié d’espèces végétales

fleurs variées biodiversité

Nous allons voir ici plusieurs façons d’encourager la biodiversité des espèces végétales dans l’aménagement des jardins de ville.

Opter pour un choix de plantes variées

Oubliez les haies uniformes mono-espèces, les pelouses monotones. Sortez de cette représentation de jardins « propres » et aseptisés, où la nature qui dépasse est éliminée à coup de taille haie et de produits chimiques. Osez les haies variées, privilégiez prairies fleuries ou vivaces couvre-sol comme alternatives écologique aux gazons…

Mélangez plantes plantes annuelles, vivaces, arbres, arbustes. Et pour que votre jardin soit harmonieux, commencez par sélectionnez des plantes adaptées au climat et à la composition de votre sol, tout en tenant compte des zones de rusticité pour assurer leur résistance au froid, réduisant ainsi le besoin d’utiliser des amendements, engrais ou traitements chimiques.

Favoriser les plantes locales et indigènes

Privilégiez l’achat de végétaux auprès de pépiniéristes locaux, car ces derniers ont en principe sélectionné des plantes acclimatées à votre région, leur assurant ainsi une meilleure croissance et résistance. Il existe d’ailleurs maintenant des labels de « plantes végétales locales ».

Les plantes indigènes sont les plantes originaires de notre région. Elles y sont présentes naturellement et sont adaptées à l’environnement, au sol, au climat, à la pluviométrie mais également aux autres espèces qui y vivent, comme les insectes pollinisateurs.

Par exemple : si l’on habite en région parisienne, l’érable champêtre (Acer campestre) un arbre natif des milieux forestiers du bassin parisien s’associe bien avec l’anémone sauvage (Anemone sylvestris), native aussi de la région. Choisir de telles espèces demandera généralement moins d’entretien, renforcera la résistance aux variations de climat et favoriseront le développement de la faune et de la flore environnante.

Dans les zones urbaines, -où la notion de milieu d’origine est fortement perturbée par la présence des immeubles, l’asphalte, la pollution – il peut être nécessaire d’adopter des espèces qui s’accommodent mieux à ces conditions transformées plutôt que les espèces indigènes traditionnelles.

Avant d’éliminer les mauvaises herbes ...

Ainsi même les « mauvaises herbes » peuvent jouer un rôle dans cet écosystème urbain, en fournissant habitats et nourriture à de nombreux insectes et animaux. Et parmi les « mauvaises herbes » il y en a beaucoup de très jolies : cymbalaires des mures, verveine officinale, coquelicot, saponaire, lamium pour ne citer qu’elles… Et sont souvent des plantes indigènes. Donc avant d’éliminer systématiquement les mauvaises herbes évaluez leur rôle potentiel dans l’écosystème urbain. Beaucoup de ces plantes sont bénéfiques pour la biodiversité locale. Considérez leur esthétique et leur comportement avant de décider de les enlever. 

végétation qui pousse entre les blocs du muret

Biodiversité au jardin : favoriser les plantes polinisatrices

plante pollinisatrice_abeille_liriope

Nous avons tous déjà observé avec amusement un bourdon désorienté par la quantité de fleurs de sauge, ou des papillons-paons « schotchés » aux inflorescences de verveines de Buenos-Aires ou de cardère, offrant nectar et nourriture précieuse pour la faune. Ces plantes sont reconnues pour leurs qualités pollinisatrices, attirant les insectes bénéfiques (appelés auxiliaires) tels que les abeilles et les bourdons, qui participent à la lutte contre les nuisibles comme les pucerons et les cochenilles sur nos balcons et terrasses. Planter des fleurs comme la sauge, le souci, la scabieuse et la bourrache est essentiel pour favoriser ces alliés naturels.

Ces insectes bénéfiques sont appelés insectes auxiliaires. Notons aussi que les larves de coccinelles, les chrysopes, les libellules et mais aussi les araignées et les mantes religieuses sont aussi des auxiliaires jouant un rôle précieux dans l’équilibre écologique.

Laissez des coins sauvages pour attirer la faune

faune urbaine_renard

En ville, l’écosystème doit s’adapter à un microclimat urbain, il y est tout aussi indispensable de favoriser la venue d’une faune diversifiée afin de créer un équilibre naturel. Ces efforts participent à la pollinisation, contrôlent les nuisibles et enrichissent la vie citadine par une présence accrue de la nature. Promouvoir la biodiversité en milieu urbain passe par des initiatives favorisant des lieux de vie où les espèces peuvent se réfugier et sensibilise à leur conservation :

Espaces sauvages

La faune joue un rôle essentiel dans le jardin, formant une chaîne alimentaire allant des insectes et petits invertébrés aux grands carnivores. En milieu urbain, ces organismes sont tout aussi indispensables pour maintenir un équilibre naturel et contrôler les parasites. C’est une manière simple d’offrir refuge et ressources à la faune locale.

Refuges pour la faune

Créer des abris, tels que des hôtels à insectes ou laisser des tas de bois, des brindilles creuses, encourage la présence d’espèces bénéfiques. Même des refuges simples comme un pot retourné contenant de la paille ou un paillage à la surface du sol peuvent offrir un refuge essentiel pour les auxiliaires ou des bactéries utiles et contribuer à la santé du jardin.

Le saviez-vous ?

Le hérisson est un mammifère souvent présent en zone urbaine. Il est l’ami des jardiniers car il se nourrit de limaces, d’escargots…Sa présence est souvent signe d’une faune riche.  Ce petit mammifère est protégé en France selon l’article L411-1 selon le code de l’environnement. Vous trouverez ici des conseils pour le protéger

Haies diversifiées libres et champêtres

Les haies composées de diverses espèces végétales indigènes sont les championnes de la biodiversité.

Un mélange d’arbustes tels que : érable champêtre, noisetier, aubépine, troène, cornouillers, chèvrefeuille arbustif, amélanchier, sorbier peuvent constituer d’intéressantes haies que l’on évite de tailler, abritant une faune variée. 

En période de nidification, notamment d’avril à juillet, on comprend maintenant pourquoi il est fortement déconseillé voire interdit de tailler les haies.

Favoriser les plantes à baies ou à graines

Nombre des plantes décritent précédemment produisent des baies ou des graines qui attirent et nourrissent oiseaux et autre faune locale. Par exemple vous connaissez certainement le lierre qui offre nourriture et refuge aux oiseaux durant l’hiver et peut-être aussi les cardères qui sont les plus gros garde-manger de graines que je connaisse. 

Agir en faveur de la biodiversité

Si vous aussi vous souhaitez agir pour favoriser la biodiversité, en ville ou ailleurs. Vous pouvez consulter le site de la LPO (ligue pour la protection des oiseaux) https://www.lpo.fr. 

Cette association soutient des actions en faveur de la protection des espèces et présente par le biais de films courts et ludiques comment agir simplement. Vous pouvez aussi vous engager à créer un refuge pour accueillir la biodiversité sur votre balcon ou dans votre jardin (en ville ou ailleurs). L’adhésion est payante mais vous donne droit à un coffret et vous accompagne sur une activité à faire avec des enfants, si riche en enseignement. 

N’hésitez pas à consulter leur site : une vraie mine d’or!

Conclusion

Et vous? Que faites vous pour faire venir la biodiversité chez vous? 

Nous verrons dans le prochains article comment en adoptant des pratiques de jardinage écologique on peut contribuer au maintien de la biodiversité.

En attendant, vous pouvez me faire part de vos remarques, de vos questions, ou de votre expérience en remplissant le formulaire de commentaires ci-dessous. Je ne manquerai pas d’y répondre. C’est important pour moi. Et si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux…:)

14 Responses

  1. Favoriser la biodiversité en ville est une excellente démarche. Cela peut également être un moyen d’éveiller la conscience des enfants tout en les amusant.

    1. Tout à fait d’accord ! Les enfants sont non seulement réceptifs, mais leur curiosité naturelle et leur enthousiasme en font aussi d’excellents ambassadeurs pour diffuser l’importance de ce message…

  2. Merveilleuse ode à la vie. Merci…
    Je pense qu’en ville plus qu’à la campagne encore, la biodiversité peut s’établir, car en campagne, avec les champs et leur cortège de pesticides, la biodiversité a bien du mal à survivre.
    Ce que pourrait faire le citoyen de la ville, c’est empêcher l’imperméabilisation du sol en faisant des trous un peu partout.
    Les jardins urbains en sont de bons exemples.

    1. Merci beaucoup Corinne pour ces remarques pertinentes…En effet, les villes sont des lieux où la biodiversité (si on la laisse s’installer) est moins impactée par les pesticides que dans les campagnes…Une raison supplémentaire pour la favoriser!
      Quand à la perméabilisation des sols c’est le thème de la partie 3/3 « gestion durable de l’eau » de cet article, qui sera publié bientôt 🙂

  3. Merci pour ce chouette article. Je suis d’accord il est temps de ramener plus de biodiversité dans la ville. Cela évolue doucement, mais il y a de plus en plus de campagne pour désimperméabiliser et renaturer les sols au sein de nos villes. Cela rafraîchira nos villes et j’espère les rendra plus vivables pour le changement qui s’annonce.

    1. Ravie que l’article vous ait plu ! Vous avez raison, les initiatives pour renaturer et désimperméabiliser les sols en milieu urbain sont essentielles pour rendre les villes plus vertes et vivables. Continuons à promouvoir et à soutenir ces efforts! 🙂

  4. Génial, j’aime beaucoup l’idée de laisser de la place pur la nature par ce que tu appele « un coin sauvage ». C’est un interpellation qui replace l’humain dans son contexte qu’est la nature. Accepter de ne pas tout contrôler. Merci !

    1. Merci pascal pour cette excellente remarque que celle de replacer l’humain dans la nature et d’accepter de ne pas tout contrôler !

  5. Super intéressant !! C’est vrai que c’est tellement beau et agréable quand il y a des espaces verts en villes… La nature à un incroyable pouvoir d’apaisement et de bien-être. Bon je ne suis pas une grande fan des insectes mais il faut apprendre à vivre avec tout le monde il paraît xD
    Mais comme quoi il y a beaucoup de choses à savoir ce n’est pas si simple, merci pour toutes ces informations 😉

    1. Merci caroline pour ton retour : je suis comme toi, certains insectes me font encore peur. Et j’en découvre de nouveaux et des bizarres chaque année, par exemple où je vis, je vois croise régulièrement des scolopendres ces espèces de 10000 pattes dont la morsure est douloureuse…Ils s’introduisent parfois dans les maisons. Le fait de savoir qu’ils sont utiles pour la biodiversité m’aide vraiment à réduire ma crainte et à les éloigner délicatement :-))…

  6. Ah mais ce n’est pas seulement un article sur le jardin en ville, c’est le sujet de tout le blog !

    C’est très sympa et l’article est cool.

    J’ai une vision similaire du jardin et je créerai probablement une catégorie à ce sujet sur mon site.

    Et pour répondre à la question : « Que faites vous pour faire venir la biodiversité chez vous ? »,

    je ne fais rien de spécial pour ça, mais c’est là mon secret ! Hi hi.

    J’ai un jardin qui fait peur à mes voisins.
    Mais ça va, ils connaissent mon état d’esprit et ils sont cools sur ce sujet.

    J’ai quand même du mal quand je vois les leurs de jardins : à cette époque le mien est couvert d’herbes et ou de paillages et je ne vois que des terres nues tout autour.

    1. Merci pour ton retour ValHeyrie404, hate de voir cette catégorie sur ton site et de partager sur le sujet:)

  7. Merci Estelle pour cet article tellement important ! Je vois encore si souvent des jardins « propres » autour de chez moi (en fait à peu près tous les jardins), avec une pelouse tondu à ras et aucune place pour la moindre petite fleur sauvage … Les jardins particuliers peuvent être de vrai refuge pour la biodiversité, c’est un sujet dont on ne parle pas encore assez même si les choses change doucement :). Je rêve d’avoir un petit bout de terrain où je pourrais m’amuser à réfléchir à comment accueillir la biodiversité tout en profitant du jardin, il y a tellement à faire et à imaginer 🙂

    1. Merci pour cette remarque, les mentalités vont changer j’en suis sure. Il y a dejà pas mal de changements depuis plusieurs années en matière de jardins…
      Et beaucoup de reves se réalisent 🙂

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