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Aménager un jardin écologique en ville permet de se reconnecter à la nature tout en contribuant à un environnement plus sain. C’est aussi une expérience à la fois enrichissante et éducative, qui intègre les bienfaits de la nature directement dans notre espace urbain.
Table des matières
Introduction
Si vous avez exploré le premier article Vers un jardin Écologique en ville (1/3) : Favoriser la biodiversité de la série consacrée aux jardins écologiques, vous savez déjà que la biodiversité fournit à l’ensemble des êtres présents sur terre les ressources nécessaires à leur survie et joue un rôle crucial dans la régulation du climat. Il est urgent donc de la maintenir et de la ré-introduire en ville.
Dans cette deuxième partie, nous allons voir comment par la pratique de quelques techniques essentielles issues du jardinage biologique et de la permaculture, il est possible de réaliser et d’entretenir son jardin de ville de façon écologique.
Que vous soyez un jardinier débutant ou expérimenté, cet article est conçu pour vous guider à travers les principes fondamentaux de l’écologie appliquée aux jardins (de ville).
Favoriser la biodiversité en ville
La biodiversité est fortement menacée par l’activité humaine et le changement climatique. D’ici quelques décennies un million de ces espèces, celles-là même qui ont mis tant d’années à se développer, seront amenées à disparaitre -comme le soulignent les Nation-Unis ou bien l’UICN, l’union Internationale pour la conservation de la nature. Nous avons vu dans l’article Vers un jardin Écologique en ville (1/3) : Favoriser la biodiversité que créer un jardin écologique en ville est un moyen à son échelle d’aller vers une plus grande biodiversité en ville.
Comment?
- En intégrant une large variété de plantes adaptées au climat local notamment, en favorisant des espèces indigènes et des plantes pollinisatrices, tout en reconnaissant le rôle écologique des mauvaises herbes.
- En aménageant des espaces sauvages et des haies diversifiées avec des plantes à baies ou à graines pour fournir nourriture et abri à la faune locale.
- En participant activement à la protection et à la conservation de la biodiversité à travers des actions personnelles et communautaires (tel créer un refuge pour accueillir la biodiversité).
Nous allons voir maintenant comment, avec des pratiques de jardinage concrètes, aller plus en détail dans la transition de son espace exterieur, sa terrasse ou son balcon, vers un jardin écologique.
Soigner son sol
Notion de sol vivant
Le sol est un substrat qui apporte aux plantes eau et nourriture, tout en leur permettant un bon ancrage.
Le sol nait de la rencontre entre la couche superficielle issue de la décomposition des plantes et de la faune et de la roche mère en profondeur. Il regorge d’une multitude de galeries occupées par les milliers de micro-organismes et de vers de terre et lombrics : champignons, bactéries, acariens nématodes. Ces derniers assurent la décomposition de la matière organique pour en faire une litière riche, disponible pour les plantes. Il aèrent la terre tout en lui conférant une structure grumeleuse et aérée. Promouvoir un sol riche et vivant et favoriser la vie microbienne du sol est une pratique importante en permaculture, en agriculture biologique et en jardinage écologique. Nous allons voir comment.
Pailler-protéger et fertiliser
Comme dans la forêt, où le sol riche en humus ne requiert aucune intervention humaine, il est préconisé de limiter le travail du sol en évitant de retourner la terre, en privilégiant l’apport de matière organique et en prenant l’habitude de protéger le sol. Ce sont des pratiques très courantes en agriculture biologique où le sol aspire à être particulièrement riche pour favoriser la croissance des plantes potagères.
Minimiser le travail du sol en appliquant des paillis aide à conserver l’humidité, à réduire la présence de mauvaises herbes en plus d’encourager la vie microbienne. La protection du sol en surface vise aussi à empêcher la formation d’une croute en surface (la battance) et qui réduit l’infiltration de l’eau dans les sols. Dans les jardins, il convient d’adapter le type de paillis aux besoins spécifique de vos plantes.
L’apport de matière organique telle que fumier, paillage, feuilles mortes ou compost facilite la vie microbienne du sol. Cette vie microbienne va ensuite contribuer à la décomposition du sol pour le rendre disponible aux plantes.
On comprend ainsi aisément comment avec toute cette vie souterraine les produits phytosanitaires peuvent faire plus de mal que de bien à la biodiversité.
Une autre technique courante pour prendre soin de son sol en maraichage est le semi d’engrais vert. Elle consiste à semer des plantes légumineuses ou graminées (comme la phacélie, la vesce, la moutarde, …). Ces plantes ont une croissance rapide, réduisant l’apparition de mauvaises herbes. En se décomposant elles produisent un humus qui améliore la structure de la terre. Certaines (les légumineuses) ont la faculté de fixer l’azote de l’air pour la rendre au sol et d’autres labourent le sol par la présence de racines profondes.
Faire son propre compost
Le compost est issu de la décomposition naturelle de déchets et de débris végétaux. On l’utilise souvent au jardin, et en agriculture car, riche en éléments, il fertilise et nourrit la microfaune du sol. Il améliore la structure du sol le rendant plus grumeleux et plus aéré. Il contribue à apporter de l’humus, élément essentiel à la fertilité naturelle des sols, et augmente la capacité de rétention d’eau du sol.
Bref, introduire chaque année (à l’automne en général) une fine couche de compost bien mûr et équilibré, que vous aurez fait vous-même, apporte une vraie valeur à votre sol.
En plus de servir de fertilisant ou de terreau, faire son compost contribue fortement à réduire le volume de ses déchets.
Comment faire son compost?
Dans un jardin, on peut composter dans un bac conçu soi-même, acheté ou fourni par les communes, ou bien en tas directement sur le sol dans un endroit abrité.
En appartement, le compostage est possible avec un lombri-composteur (le compost formé à partir de lombric – de vers de terre donc :-)) ou un bokashi (sa version japonaise, issue de matière organique fermentée) placé dans un lieu aéré à température ambiante. Il est important d’équilibrer matières sèches et humides dans le compost, de maintenir une humidité adéquate et d’aérer l’intérieur régulièrement pour une décomposition optimale sans mauvaise odeur. Il est d’usage de recouvrir la matière par une fibre de chanvre et de lin en surface.
Un lombricomposteur et un bokashi produisent un terreau mais aussi du jus de compost que vous pouvez utiliser dilué comme engrais dans vos pots, bacs et jardinières.
Pour plus d’infos sur le bokashi, rendez-vous ici.
Que mettre au compost?
Des déchets de cuisine, de repas, de jardin, selon un mélange équilibré de matière verte/humide/riche en azote et de matière sèche/brune/riche en carbone. En général on ajoute de la matière sèche à chaque apport de déchets verts.
Exemple de matières humides : épluches de fruits et légumes, marc de café, déchets de tonte : herbe, tiges fraiches d’herbacées, de plantes vivaces, …
Exemple de matière sèche : feuilles sèches, branchages broyés, tiges d’arbustes, paille, brindilles, cartons, essuie-tout (sans encre ni produit chimiques), coquilles de fruits secs…
Un compost de ne doit pas contenir trop (voire pas du tout pour un lombricompost) de déchets animaux (restes de viande, laitage, poisson) ni trop de résidus d’ails et d’oignons qui sont des vermifuges naturels. Dans les composteurs urbains, il est préférable d’éviter de jeter de gros noyaux, comme ceux d’avocats ou de mangues, car ils se décomposent lentement. Avec le temps et l’expérience, vous apprendrez rapidement à identifier les matériaux qui se compostent efficacement et ceux qui le font moins bien.
On obtient en 9 à 18 mois selon le climat, un compost mur, riche en humus et réutilisable au jardin.
Soins aux plantes – ravageurs et maladies
Depuis janvier 2019, la vente de produits phytosanitaires de synthèse pour les particuliers est désormais interdite. Et donc pour réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques voici quelques exemples de méthodes alternatives pour limiter la prolifération des organismes nuisibles sur les plantes.
Les méthodes de lutte alternatives préventives
Les méthodes préventives consistent à mettre la plante dans les meilleures conditions de croissance possible pour se protéger des attaques de parasites. En voici quelques exemples :
Planter des plantes résistantes rentre dans la catégorie des techniques de lutte préventive : privilégier les plantes locales ou des variétés résistantes à certaines maladies récurrentes – remplacer le buis sujet à la pyrale en est un exemple.
Augmenter la diversité végétale, planter des plantes mellifères, nous avons vu aussi qu’un environnement riche en biodiversité permettait de générer un équilibre favorable au développement des plantes en bonne santé. Et si l’environnement bénéficie d’un équilibre, l’insecte auxiliaire prédateur du parasite viendra au secours de votre plante. Cela implique parfois de changer son regard sur les parasites, et tolérer une faible attaque le temps que l’insecte auxiliaire fasse son travail.
L’association de plantes : associer des plantes aromatiques (menthe, lavandes, sauges…) permet de repousser certains ravageurs. Introduire des fleurs (bourrache, soucis, capucines, …) au potager protège les légumes d’attaques de prédateurs.
Tailler en prévention un arbuste pour l’aérer évite la propagation de maladies. Mais aussi une taille en début d’attaque permet d’éviter d’avoir recours à des traitements. Par exemple dans le cas des arbres fruitiers, une taille lors des premiers signes de moniliose permet d’éviter d’avoir recours à un traitement.
L’observation attentive est aussi un moyen de prévention pour ses plantes car une plante fragilisée sera plus sensible à l’apparition de maladies. En effet, l’asphyxie des racines due à une trop grande quantité d’eau dans un pot non percé, une carence en eau (stress hydrique) ou en certains nutriments, un coup de chaleur, etc… sont des conditions qui fragilisent les plantes. Plus une plante est dans un environnement proche de son environnement naturel en terme de sol, de lumière, d’eau, moins elle sera sensible aux maladies.
Cependant, dans un jardin et encore plus sur un balcon ou une terrasse, où les plantes évoluent dans des conditions de stress et parfois de déséquilibre, il peut arriver qu’une attaque soit importante. Et c’est là que l’on peut aussi agir avec un traitement –écologique bien sûr!
La lutte biologique
Vous avez peut-être déjà acheté des larves de coccinelles ou de syrphes pour lutter contre les pucerons, de cochenilles ou bien des produits à base de Bacille de Thuringe pour lutter contre la pyrale du buis. La lutte biologique consiste à introduire des insectes auxiliaires ou des bactéries comme prédateurs pour réduire une infestation de ravageurs au jardin. Ils ont une efficacité reconnue pour réduire, et non enrayer une nuisance, ce qui est souvent suffisant au jardin. Cela implique là aussi de changer son regard pour tolérer la présence de quelques taches sur un feuillage ou une faible attaque de parasites.
Les bio-insecticides-fongicides
Il est aussi possible d’avoir recours à des traitement phytosanitaires (d’origine naturelle) et certains sont souvent agréés en agriculture biologique tels que les produits insecticide fabriqués à base de pyrèthre ou bien les fongicides fabriqués à base de de soufre, ou de cuivre…Ces produits ont une toxicité et une persistance plus faible que les produits phytosanitaires de synthèse mais ils ont aussi à forte dose des effets indésirables sur la santé (en pulvérisation répété sans protection adaptée par exemple), sur les autres espèces ou bien sur la pollution des sols (la bouillie bordelaise à haute dose en est un exemple).
A venir : Quelques idées reçues sur les produits phytosanitaires.
Fabriquer ses propres produits naturels
On peut utiliser des solutions naturelles qui stimulent la résistance des plantes contre les maladies et parasites. Par exemple les purins d’ortie, de prêle, de consoude ou de fougères ont une action répulsive et renforcent les défenses des plantes. Ils constituent des alternatives biologiques efficaces aux pesticides traditionnels.
Ces purins sont simples à préparer, bien que leur odeur puisse être forte. La préparation en ville est tout à fait possible (du vécu). Ces méthodes écologiques sont un choix parfois controversé pour un jardinage durable et responsable. J’ai déjà constaté une réduction de pucerons grâce au purin d’ortie et de prêle maison… Et j’avoue malgré cela que sur ce sujet, j’aime bien l’approche de Xavier Matthias.
Ces produits rentrent dans la législation des Préparations dites » Naturelles Peu Preoccupantes ».
Dans cette catégorie rentrent aussi : les méthodes à base d’ail, de savon noir, de bicarbonate…etc…
Un Jardin Écologique : plus qu'une pratique, un état d'esprit
Au-delà des techniques de jardinage, créer un jardin écologique en ville, c’est adopter un état d’esprit fondé sur la réduction de l’impact écologique. Déployez tous les moyens en votre possession dans le but de :
- adopter une gestion durable de l’eau
Dans un jardin urbain, économiser l’eau est une priorité. Des techniques comme l’arrosage goutte à goutte, la récolte des eaux de pluie ou l’usage de plantes tolérantes à la sécheresse sont recommandées. Privilégier les surfaces poreuses qui permettent à l’eau de s’infiltrer vers les nappes phréatiques peut être aussi un atout pour la gestion des eaux pluviales. Nous verrons cette partie plus en détail dans la partie III.
- Réduire les interventions au jardin
Laissez le jardin se développer naturellement. Choisissez des plantes adaptées pour minimiser la taille et l’arrosage. Optez pour des pelouses alternatives, comme les prairies fleuries, qui nécessitent moins d’entretien et soutiennent la faune.
- Limiter les intrants
Tous les résidus végétaux sont valorisés en étant transformés et retournés à la terre. Le processus de recyclage s’effectue par compostage ou par un retour direct au sol, comme le paillage avec des feuilles mortes et des résidus de taille de haies dans les parterres, ou bien en laissant les coupes d’herbe ou de tonte se décomposer naturellement sur place, enrichissant ainsi la couche superficielle du sol.
- Recycler les matériaux et utiliser des matériaux recyclables
Favoriser les matériaux recyclables et durables tels que le bois issu de filières ecogérées pour terrasse, la pierre naturelle ou autre pavés posés à l’aide de matériaux perméables, ou les graviers,…
Pour le mobilier ou la décoration : choisir des meubles de qualité et dont l’empreinte écologique est la plus faible possible.
Recyclez ou customisez d’anciens meubles pour en faire des structures de jardin, est également une pratique durable.
Conclusion
Les techniques de jardinage écologique n’ont maintenant plus de secrets pour vous. Nous verrons dans la partie 3/3 de cette série consacrée aux jardins écologique une dernière notion fondamentale : la gestion durable de l’eau dans les jardins de ville
N’hésitez pas à partager vos expériences et à poser des questions en remplissant le formulaire ci-dessous. Si vous souhaitez aussi que je détaille certaines techniques, merci de me le dire en commentaire.
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6 Responses
Votre vision d’un jardin écologique va au-delà des pratiques techniques, intégrant un véritable état d’esprit axé sur la réduction de l’empreinte écologique.
On vient de déménager et l’on a de la chance d’avoir du terrain, la prochaine étape sera un jardin avec l’aide de vos conseils sur votre blog.
Merci beaucoup Patricia pour votre commentaire. Je suis ravie que ma vision d’un jardin écologique vous inspire pour votre nouveau jardin. Bonne chance dans cette belle aventure, et n’hésitez pas à consulter le blog et à poser des questions pour plus de conseils !:)
Article très instructif sur le jardinage écologique en ville. Les conseils pratiques sur la biodiversité, le soin du sol, et le compostage sont particulièrement utiles. Merci pour ces idées inspirantes qui montrent comment on peut contribuer à un environnement plus sain, même dans un espace urbain.
Merci beaucoup Aurélie pour vos retours encourageants ! Enchantée que les conseils sur la biodiversité, le soin du sol et le compostage de cet article puissent être utiles…
Merci pour cette article qui reprend les principes du jardin biologique et de la permaculture. Mon défi restera la mise en place. J’ai un balcon microscopique et le compostage en appartement/résidence c’est compliqué (difficile de faire appliquer les règles de compostage à 100 logements).
Merci Freddy pour cette remarque pertinente 🙂 Ce n’est pas toujours simple mais il existe des solutions…
Pour faire face à la gestion de l’espace : les lombricomposts d’appartement, ou bien de cuisine ne sont pas grands en taille, ils peuvent être mis sous l’évier, dans un petit coin de son petit balcon, caché dans un coffre -genre coffrage bien aéré – avec couvercle qui se souleve facilement. Une autre alternative c’est de mixer plusieurs solutions : 1 bokashi pour sa cuisine, la gestion des résidus (le digesta) est soit transféré dans un compost (de balcon ou dans sa résidence), à défaut dans la poubelle et cela a l’avantage de réduire le volume de dechets. C’est sur que quand on manque de place il est plus difficile d’etre en total recyclage mais le faire un peu c’est deja bien!
Ensuite, il est vrai que la gestion d’un composteur en bas d’une résidence n’est pas des plus simples (je l’ai testé). Plusieurs possibilités : mettre 2 bacs, 1 en acces libre et l’autre en acces limité par des personnes qui sont pretes à faire le transfert. Cela marche bien quand il y a un groupe de plusieurs résidents investis. Je l’ai deja vu. Mais là c’est vrai qu’il faut etre motivé et avoir du temps 😉 Une autre solution (qui est dommage mais parfois necessaire) c’est qu’il soit accessible par un nombre limité de personnes qui auront été sensibilisées aux pratiques de compostage ou bien de limiter l’accès a des gens qui ont un bokashi ou même composteur d’appartement…
Et il y a surement d’autres solutions auxquelles je n’ai pas pensé 🙂